Comment négocier avec un client en difficulté avant sa faillite ?

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Le 30 septembre 2025
Comment négocier avec un client en difficulté avant sa faillite ?
Négociez efficacement avec vos clients en difficulté. Préservez vos créances avant faillite et maintenez vos relations commerciales

Saviez-vous qu'en Belgique, un créancier ordinaire récupère en moyenne moins de 10% de sa créance lors d'une faillite ? Face à un client en difficulté financière, l'urgence d'agir devient vitale pour votre trésorerie. Entre les retards de paiement qui s'accumulent et les signaux d'alerte qui se multiplient, la tentation est grande d'attendre ou d'espérer un miracle. Pourtant, négocier rapidement peut faire la différence entre récupérer l'intégralité de votre créance ou la perdre définitivement. Chez DsoAdmin by Interencaiss, basés à Bruxelles, nous accompagnons depuis plus de 30 ans les entreprises dans ces situations délicates pour préserver leurs créances tout en maintenant leurs relations commerciales.

  • Surveillez en priorité vos clients représentant plus de 25% de votre chiffre d'affaires : une baisse de commandes de 15% ou des retards de plusieurs mensualités constituent des signaux d'alerte majeurs nécessitant une action immédiate
  • Privilégiez l'accord amiable hors PRJ pour bénéficier d'une fiscalité favorable (articles XX.36 et suivants du Code de droit économique) : cette alternative aux procédures judiciaires offre des avantages fiscaux tant pour vous que pour votre débiteur
  • Exigez systématiquement un premier versement de 10 à 20% de la dette totale : ce paiement immédiat valide la bonne foi du débiteur et réduit instantanément votre exposition au risque
  • Formalisez tout accord avec une clause de déchéance du terme : cette protection juridique rend le solde total immédiatement exigible dès le premier défaut de paiement, vous évitant d'attendre la fin du plan

Détecter les signaux d'alerte financiers de votre client en difficulté

La première étape pour négocier efficacement avec un client en difficulté consiste à identifier rapidement sa situation financière réelle. En Belgique, le tribunal de l'entreprise dispose de "clignotants" automatiques qui détectent les entreprises fragilisées : non-paiement des cotisations ONSS, TVA ou précompte professionnel depuis deux trimestres, ou cotisations INASTI impayées depuis un trimestre. Mais attendre ces signaux officiels, c'est déjà prendre du retard sur la situation.

Vérifier systématiquement la solvabilité de vos clients

Avant même d'accorder un crédit commercial, consultez la centrale des bilans de la Banque Nationale de Belgique. Cette vérification vous permet d'analyser les derniers comptes annuels déposés et l'état des fonds propres de votre client. Une situation nette négative ou des fonds propres inférieurs à la moitié du capital social constituent des alertes majeures (surveillez particulièrement les clients ou fournisseurs représentant plus de 25% de vos ventes ou achats).

Les ratios financiers révèlent également la santé réelle de l'entreprise. Un ratio de capacité de remboursement (dette nette divisée par l'excédent brut d'exploitation) supérieur à 50% indique une fragilité certaine. Complétez cette analyse avec le ratio de liquidité générale (actif circulant divisé par dettes à court terme) qui doit idéalement dépasser 1, le ratio d'autonomie financière (capitaux propres divisés par total du bilan) qui devrait excéder 25%, et le ratio de solvabilité générale (actifs divisés par dettes) qui doit rester supérieur à 1,5. De même, surveillez le délai de paiement de vos factures : s'il s'allonge progressivement de 30 à 60, puis 90 jours, c'est que votre client utilise probablement votre crédit fournisseur pour compenser ses difficultés de trésorerie.

Identifier les comportements révélateurs de difficultés financières

Au-delà des chiffres, certains comportements doivent vous alerter. Une baisse du chiffre d'affaires de plus de 15%, le départ de collaborateurs clés, ou des demandes répétées de report d'échéances sont autant de signaux faibles mais significatifs. Un client qui évite soudainement vos appels ou qui propose systématiquement des paiements partiels traverse probablement une phase critique (surveillez également les retards de plusieurs mensualités de crédit qui constituent un indicateur particulièrement fiable).

Les retards auprès d'autres créanciers constituent également un indicateur fiable. Si votre client accumule les injonctions de payer ou fait l'objet d'interdictions bancaires, il est temps d'agir rapidement pour négocier un accord avant que la situation ne devienne irréversible.

À noter : Un client qui représente plus de 25% de votre chiffre d'affaires mérite une surveillance accrue. Mettez en place un système d'alerte automatique dès qu'une baisse de commandes de 15% est constatée ou que plusieurs mensualités de crédit sont en retard. Cette vigilance proactive vous permettra d'anticiper les difficultés et de négocier dans de meilleures conditions.

Négocier efficacement avec le client en difficulté : choisir la bonne approche

Face à un client en difficulté financière, plusieurs options s'offrent à vous pour négocier le remboursement de votre créance. Le choix de la procédure dépend de la complexité de la situation et du montant en jeu. Depuis le 1er septembre 2023, la loi belge offre de nouveaux outils préventifs particulièrement adaptés pour maintenir le dialogue avec votre débiteur (notamment la procédure de réorganisation judiciaire privée qui permet une réorganisation intégralement confidentielle sans publication au Moniteur belge, réservée aux situations complexes avec de nombreux créanciers).

La médiation d'entreprise pour les situations simples

Pour des créances limitées et un nombre restreint de créanciers, la médiation d'entreprise représente une solution rapide et efficace. Cette procédure non judiciaire, dont le coût varie entre 1500 et 3000 euros TVAC, permet de négocier directement avec votre client sans publicité ni formalisme excessif. La Région de Bruxelles-Capitale peut même accorder une aide financière jusqu'à 1850 euros TVAC pour faciliter cette démarche.

L'avantage majeur réside dans la flexibilité : vous choisissez librement de participer, négociez directement les modalités de remboursement et conservez la maîtrise du processus. Un médiateur expérimenté facilite le dialogue et aide à structurer un accord viable pour les deux parties. Pour les créances incontestées, la procédure RCCI (Registre Central de Créances Incontestées) offre une alternative formalisée comprenant la constitution du dossier, une sommation de paiement par huissier et un délai d'un mois pour la réaction du débiteur.

La conciliation gratuite via la Chambre des entreprises en difficulté

La Chambre des entreprises en difficulté (CED) propose désormais une procédure de conciliation entièrement gratuite et confidentielle. Accessible par simple courrier ou comparution orale, cette option permet de bénéficier de l'expertise du tribunal sans les contraintes d'une procédure judiciaire formelle. Le juge délégué facilite les négociations et peut proposer des solutions équilibrées tenant compte de la situation de chaque partie.

Exemple pratique : Une entreprise de construction bruxelloise fait face à une créance de 35.000 euros auprès d'un fournisseur de matériaux. Le débiteur, confronté à des retards de paiement de ses propres clients, propose un accord amiable hors PRJ. Grâce aux dispositions des articles XX.36 et suivants du Code de droit économique, les deux parties bénéficient d'avantages fiscaux : le créancier peut déduire la perte éventuelle comme charge professionnelle, tandis que le débiteur évite la taxation sur l'abandon de créance. L'accord prévoit un versement initial de 7.000 euros (20%) et 14 mensualités de 2.000 euros, permettant au fournisseur de récupérer 80% de sa créance tout en maintenant la relation commerciale.

Structurer un échéancier de paiement viable pour négocier avec un client en difficulté

La négociation d'un plan de remboursement constitue le cœur de votre stratégie pour récupérer votre créance. Un échéancier mal conçu risque de s'effondrer dès les premières semaines, vous laissant dans une situation encore plus précaire. L'objectif consiste à trouver l'équilibre entre vos besoins de trésorerie et les capacités réelles de paiement de votre client (notamment en tenant compte d'un éventuel plan de paiement avec le SPF Finances qui peut être accordé pour maximum 5 ans avec possibilité d'exonération des intérêts de retard pour les dettes fiscales).

Exiger des garanties concrètes dès le départ

Le premier paiement immédiat constitue un test décisif de la bonne foi de votre débiteur. Demandez systématiquement un versement initial représentant au minimum 10 à 20% de la dette totale. Ce geste prouve l'engagement réel de votre client et diminue instantanément votre exposition au risque. Si votre interlocuteur refuse ou tergiverse sur ce point, considérez que la négociation part sur de mauvaises bases. Vous pouvez également demander l'ensemble des chèques datés aux différentes échéances pour sécuriser davantage le plan de remboursement.

Privilégiez des échéances courtes et rapprochées, idéalement mensuelles, plutôt que des versements trimestriels ou semestriels. Cette approche maintient une pression positive sur le débiteur et vous permet de détecter rapidement tout dérapage. Par exemple, pour une dette de 50.000 euros, préférez 24 mensualités de 2.083 euros plutôt que 8 versements trimestriels de 6.250 euros. Notre service de conseil pré-contentieux peut vous accompagner dans la structuration d'échéanciers adaptés à chaque situation spécifique.

Formaliser l'accord avec des clauses protectrices

Tout accord de paiement doit impérativement être formalisé par écrit. Incluez systématiquement une clause de déchéance du terme stipulant que le solde total devient immédiatement exigible en cas de non-respect d'une seule échéance. Cette disposition vous évite de devoir attendre la fin du plan pour réagir à un défaut de paiement.

N'oubliez pas de prévoir les intérêts de retard, calculés sur la base du taux légal belge. Ces intérêts, récupérables au moment du dernier règlement, compensent partiellement le préjudice subi par l'étalement du paiement. L'accord doit également mentionner clairement les coordonnées bancaires, les dates précises d'échéance et les modalités de communication entre les parties. Instaurez une obligation de surveiller tous les paiements et prévoyez de réagir rapidement à la moindre anomalie : la relance amiable par rappels doit précéder toute action formelle, suivie si nécessaire d'une mise en demeure officielle précisant le montant, les intérêts et la date limite, tout en évitant intimidation et harcèlement.

Conseil : Mettez en place un système de suivi automatisé de votre échéancier avec des alertes programmées 5 jours avant chaque échéance. Cette surveillance proactive vous permet d'anticiper les difficultés et de contacter votre débiteur avant même qu'un retard ne survienne. En cas d'anomalie, privilégiez toujours dans un premier temps la relance amiable par téléphone ou email avant d'enclencher des procédures plus formelles.

Sécuriser sa créance face à un client en difficulté : les garanties essentielles

Négocier un échéancier ne suffit pas toujours. Face à un client dont la situation financière reste fragile, l'obtention de garanties complémentaires peut faire la différence entre une créance recouvrée et une perte définitive. Le droit belge offre plusieurs mécanismes de sûretés adaptés à chaque situation (notamment le gage qui constitue une garantie sur bien mobilier pouvant rester en possession du débiteur, ou l'hypothèque, très efficace mais formaliste, nécessitant publicité à la Conservation des Hypothèques).

Le cautionnement personnel du dirigeant

Demander au gérant de se porter caution personnelle des dettes de sa société constitue une garantie particulièrement efficace. Cette démarche engage le patrimoine personnel du dirigeant et témoigne de sa confiance dans le redressement de son entreprise. Formalisez impérativement cet engagement dans un contrat écrit distinct, en précisant le montant garanti et la durée de la caution.

  • Le cautionnement doit être proportionné aux revenus et au patrimoine du garant
  • Prévoyez une mention manuscrite obligatoire reprenant le montant en chiffres et en lettres
  • Conservez l'original du contrat de cautionnement dans un lieu sécurisé

Les sûretés réelles mobilisables rapidement

Le nantissement de compte bancaire offre une sécurité immédiate en bloquant le solde créditeur d'un compte spécifique au profit de votre créance. Cette garantie, simple à mettre en place, vous assure un paiement prioritaire dès que des fonds arrivent sur le compte nanti. Pour les ventes de marchandises, la clause de réserve de propriété vous permet de conserver la propriété des biens jusqu'au paiement intégral, vous protégeant efficacement en cas de concours de créanciers (cette réserve de propriété élargie est désormais applicable dans l'échange, la donation et le contrat d'entreprise).

Ces garanties doivent être négociées dès la mise en place de l'échéancier, car un client en difficulté acceptera plus facilement des concessions au moment où vous lui accordez des facilités de paiement. Une fois l'accord signé, il devient beaucoup plus difficile d'obtenir des sûretés complémentaires.

Exemple concret : Un grossiste en alimentation de Charleroi détient une créance de 75.000 euros sur un restaurateur. Pour sécuriser l'échéancier négocié sur 18 mois, il obtient : un cautionnement personnel du gérant à hauteur de 50.000 euros, un gage sur le matériel de cuisine professionnel estimé à 30.000 euros (le matériel reste en possession du restaurateur pour poursuivre son activité), et une clause de réserve de propriété sur les futures livraisons. Cette triple protection lui permet d'accepter sereinement l'étalement tout en conservant des recours efficaces en cas de défaillance.

L'importance d'agir rapidement pour négocier avec un client en difficulté

Le temps joue contre vous lorsqu'un client traverse des difficultés financières. Chaque jour qui passe augmente le risque de voir d'autres créanciers prendre des garanties ou lancer des procédures qui limiteront vos options. En Belgique, l'ordre de priorité des créanciers en cas de faillite place les créanciers ordinaires en dernière position, après les frais de justice (dettes de la masse), les créanciers avec gage spécial, les créanciers privilégiés, les créances sociales et les privilégiés généraux, ne leur laissant généralement que moins de 10% de récupération.

La négociation préventive vous permet non seulement de maximiser vos chances de récupération, mais aussi de préserver une relation commerciale qui peut redevenir profitable une fois la crise passée. Un client qui apprécie votre compréhension et votre flexibilité pendant ses difficultés deviendra souvent un partenaire loyal et reconnaissant.

Face à ces enjeux complexes, l'accompagnement d'un professionnel du recouvrement fait souvent la différence. DsoAdmin by Interencaiss, forte de plus de 30 ans d'expérience à Bruxelles, vous propose une approche sur mesure combinant expertise juridique et sens de la négociation. Notre équipe pluridisciplinaire analyse la situation financière de votre débiteur, identifie les leviers de négociation adaptés et structure des accords viables préservant vos intérêts tout en maintenant le dialogue commercial. Si vous êtes confronté à des clients en difficulté dans la région de Bruxelles, Charleroi ou du Brabant wallon, contactez-nous pour bénéficier d'un accompagnement personnalisé qui sécurisera vos créances avant qu'il ne soit trop tard.